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L'épopée d'Allan

Publié le par Virginie Desbois

L'épopée d'Allan

L’Epopée d’Allan

 

1 En un royaume lointain, en des temps reculés
Par la guerre, la magie et la peur dominés
Naquit le jeune Allan, qui était fils de roi
Et qui de son destin n’eut pas à faire le choix.
Je m’en vais vous conter son histoire et la mienne
Car nos deux âmes sont sœurs, et sœurs aussi nos peines
Je m’en vais vous narrer cette longue épopée
Ce combat légendaire d’un héros du passé
Par qui le monde ancien fut à jamais changé
Mais qu’aujourd’hui déjà nous avons oublié.

 

2 Allan naquît jadis au royaume de Kérande
Une verte contrée de forêts et de landes
Bordée d’un océan aux humeurs menaçantes
Et de voisins austères à l’amitié chancelante.
Allan fut élevé selon l’ordre et la loi
En vue d’en devenir, après son père, le roi.
En tant que premier fils, tel était son devoir :
Dominer par la peur, vivre pour le pouvoir.
Mais le destin farceur les cartes mélangea
Et du prince déchu, le haut trône s’écarta.

 

3 On le vit accusé du décès de son frère
De ce frère admiré, de ce seul confident
De ce fils bien-aimé, bien que né adultère
De cet autre lui-même, venu par accident.
On le vit accusé par un traître et félon
Un vilain plein d’orgueil, et pétri d’ambition
Un conseiller du roi, son premier député
De la parole duquel nul n’a osé douter
Le mobile est trouvé, jalousie et traîtrise
Le coupable annoncé, entre émoi et surprise.

 

4 Désemparé, le prince clama son innocence
Mais à quoi bon lutter contre les apparences.
Fou de chagrin le roi, celui qu’il nommait père
Proclama son exil : la sentence est amère.
Le destin est écrit, le prince n’a plus le choix
Il doit quitter Kérande, puisque telle est la loi
Il doit quitter son père, et quitter son pays
Abandonner son rang, et repenser sa vie
Loin de tous les honneurs, comme un simple manant
Il doit tout reconstruire à partir du néant.

 

5 Allan embarqua donc, sans arme ni blason
Sur un bateau en quête de nouveaux horizons
La mer était tranquille mais ses pensées troublées
Sur son triste destin sans cesse s’apitoyaient
Il avait tout perdu, sans pouvoir se défendre
Sa famille, sa patrie, sa vie n’est plus que cendres
Il avait tout perdu et la mer sous ses yeux
Recueillait les sanglots d’un enfant malheureux
Il avait tout perdu, et la mer l’emportait
Vers un ailleurs lointain, vers des terres non nommées

 

6 Ainsi les jours passèrent sur le pont du navire
Apaisant sa colère, adoucissant son ire
Ainsi les jours passèrent, sur le pont qui tanguait
Regrets, remords, fureur, Allan les oubliait
Ainsi les jours passèrent, puis le vent se leva
En hurlantes rafales, en cinglante tourmente
Projetant sur la coque les vagues avec fracas
Et balayant le pont de sa rage écumante
Ainsi la mer mauvaise la tempête déchaîna
Et comme pris d’ivresse le bateau tituba.

 

7 Les éléments mauvais, ainsi eurent eu raison
De celui qui voguait vers d’autres horizons
Par une vague emporté dans les flots tourmentés
Par les eaux déchaînées le prince est malmené
Alors qu’il se débat, dans l’océan glacé
S’abat sur le bateau, la foudre déifiée
La voilure devient feu, le grand mat se fracasse
Bientôt au fond des eaux, reposera sa carcasse
Bientôt au fond des eaux, tous seront emportés
Ne restera en vie, qu’un unique naufragé

 

8 Un unique naufragé, dans les vagues, en détresse
Un jeune prince sans pays, privé de sa noblesse
Un homme qui se débat en implorant les cieux
De lui porter secours, au nom de ses aïeux
Mais le ciel est moqueur, et fait peu cas des titres
Seule la vaillance d’un homme, dans son cœur est arbitre
Et le prince est vaillant, malgré son très jeune âge
Pendant des heures il prie, et se débat, et nage
Pendant des heures il prie, avant de s’essouffler
Et d’être finalement, sous les eaux, emporté

 

9 Sous les eaux, emporté par une femme dauphin
Sous les eaux, emporté vers un royaume lointain
Un royaume caché aux yeux de tous les hommes
Une ville engloutie, jadis nommée Rébome
Une ville et un peuple, mi-homme mi-dauphin
Au milieu des merveilles du monde sous-marin
Un monde préservé, par une grande magie
Et qui sans le savoir, un prince a accueilli
Un prince sans couronne, sauvé des océans
Par une femme qui bientôt, portera son enfant

 

10 Le prince fut soigné, et revint vite à lui
Dans ce royaume étrange, où il fait toujours nuit
Le prince fut soigné, par une belle créature
Ensorcelé par elle, et sa double nature
Le prince fut soigné, et revint à la vie
Pour offrir à sa belle, un amour infini
Un amour océan, sans limite et profond
Un amour océan, passionné et fécond
Un amour qui devait, comme bien d’autres avant lui
Finir évaporé dans les limbes de l’oubli

11 Car ainsi est Rébome, majestueuse et maudite
Piégée par une magie désormais interdite
Condamnée à rester à tout jamais cachée
Et par ceux qu’elle accueille, à se faire oublier
Son désir assouvi, sa semence accueillie
La femme qui l’a sauvé n’a plus besoin de lui
Le prince est rejeté, renvoyé par magie
D’un monde de silence, vers un monde de bruit
D’un monde d’espérance, vers un monde d’envies
D’un monde sans souffrance, vers un monde de vie

 

12 Il est une autre histoire qui commençait ainsi :
« Au fond des océans, un jour enfant naquit
Qui était fille de prince, d’un homme du dessus
D’un homme prisonnier de ses amours déçues
Un jour enfant naquit, qui selon la légende
Était seule héritière du royaume de Kérande
Mais de par sa nature, prisonnière des eaux
Par son double héritage, de la terre et des flots
Son âme partagée, son cœur en deux moitiés
Elle erre entre deux mondes jamais réconciliés… »

 

13 Mais cette autre légende, mais cette autre épopée
N’est pas celle qu’aujourd’hui je viens vous raconter
Celle-là n’est pas finie, à peine commencée
Car longue fut la vie du prince déshérité
Longue et riche d’aventures, de rencontres improbables
De noms qui se murmurent de châteaux en étables
De noms qui font écho à un monde oublié
A un monde de danses et de puissants guerriers
Le nom d’un autre peuple, qu’Allan rencontrera
Un peuple qui pour lui, jusqu’au bout combattra

 

14 Notre histoire reprend donc quand Allan se réveille
Sur une longue plage vierge arrosée de soleil
D’un soleil si ardent qu’il cherche protection
Dans l’ombre qu’une jungle dispense à profusion
Allan n’a jamais vu pareille végétation
Est-ce le fruit d’un songe ? Une nouvelle illusion ?
Le monde est cotonneux, son esprit embrumé
Mélange allégrement rêve et réalité
Dans un état second, comme s’il était drogué
Jusqu’à une rivière ses pas vont le mener

 

15 Le flot en est bien sombre, et le courant puissant
Mais dans les yeux d’Allan, tout est étincelant
Son regard par magie, est recouvert d’un voile
L’eau lui semble poussière, descendue des étoiles
D’or et d’argent mêlée, dans laquelle s’ébattent
Des femmes aux cheveux blonds, et aux longs doigts d’albâtre
Des femmes qui lui font signe de venir auprès elles,
De plonger à son tour, dans ce flot irréel.
Allan hésite un peu, mais le sort est puissant
Et ses pas vers l’eau sombre le mènent lentement

 

16 Les rires sont cristallins, comme des rires d’enfants
Et les voix claires et suaves qui le pressent maintenant
D’oublier ses guenilles, et d’aller plein d’allant
Les rejoindre bien vite, sans plus perdre un instant
Les corps qui se dévoilent, lui montrent des seins nus
Emoustillé, Allan en oublie toute vertu
Abandonnant ses doutes, à côté de ses bottes
Il se jette ardemment, où les filles barbotent
Les rires sont décuplés, et ses hôtesses ravies
D’un même élan gracieux, elles se jettent sur lui

 

17 Allan a bien senti que quelque chose clochait
Quand son corps est entré dans le flot tourmenté
Les belles qui l’appelaient et lui tendaient les bras
Sans ménagement l’entraînent maintenant vers le bas
Les rires si mélodieux, s’étaient mis à tinter
Comme une cloche qu’on sonne appelle à la curée
Amusé tout d’abord, Allan croit à un jeu
Et cherche à s’échapper, d’un geste vigoureux
Mais les filles le retiennent d’une poigne de fer
Et lui offrent une tasse d’un breuvage bien amer

 

18 Allan refait surface, et recrache l’eau saumâtre
Tout ça n’a rien d’un jeu, il va devoir se battre
Jambes et bras transformés en appendices gris
Qui n’ont plus rien d’humain que le souvenir pâli
S’enroulent autour de lui, tels d’avides reptiles
A la peau écailleuse et à l’intention vile.
Allan voudrait frapper, mais ainsi enlacé
Se trouve plus démuni qu’un faible nouveau-né.
Allan voudrait crier mais le liquide immonde
Dès qu’il ouvre la bouche, sans retenue l’inonde.

 

19 Ainsi fait prisonnier, à nouveau emporté,
A nouveau emporté et par l’eau menacé
Le destin sur le prince semble bien acharné
A le faire périr, à le voir se noyer
Mais une bonne étoile, ou juste un peu de chance
Une main qui se tend, lui offre délivrance
Une main ferme et forte, et armée de surcroît
Qui d’un vif moulinet, prive la plante de sa proie
Car c’était bien cela, une horreur végétale
Qui promettait au prince, une agonie fatale

 

20 Et voici qu’à nouveau, notre prince est sauvé
De l’emprise de la mort à nouveau délivré
Il se hisse hors de l’eau, et observe étonné
L’être à la peau d’émeraude, et sa féminité
Son regard est farouche, comme d’une louve aux abois
Mais elle reste immobile, yeux fixés sur sa proie
Allan n’a jamais vu, une femme telle que celle-là
Durant sa vie entière, il ne l’oubliera pas
Mu par une impulsion, ému par son aura
Aux pieds de sa sauveuse, le prince s’agenouilla

 

L'épopée d'Allan

21 Cet acte d’allégeance, Allan ne le sait pas,
Scellera le destin, de celle qui le sauva
Mènera sa tribu vers les plaines au-delà
Vers une mort certaine, au son des hosannas
Car en cette île ancienne survit une légende
Parlant d’un étranger, qui guidera les siens
Par-delà l’océan, en terre de Kérande
Pour faire face à la mort, et défendre le Bien
Mais le temps des légendes, est encore bien lointain
Avant d’être prophète, il faut grandir humain

 

22 Accueilli en enfant, Allan doit tout apprendre
Transformer en acier sa chair encore bien tendre
Affûter ses réflexes et sa dextérité
Pour pouvoir d’Aubanais le titre mériter
Le travail sera rude, la leçon douloureuse
Mais le prince fera preuve d’une volonté studieuse
Il en va de sa vie, comme du destin du monde
L’apprentissage est long jusqu’à cet art ultime
Qu’en de barbares contrées, on a nommé escrime
Mais que l’on danse ici telle une mortelle ronde

 

23 Le prince manie l’épée, comme tout fils de souverain
Mais il découvre là un tout autre refrain
Son corps est lourd et gauche, ses gestes maladroits
De nombreuses moqueries, il devient vite la proie
Les hommes qui l’entourent sont de fiers guerriers
Et les femmes, aussi bien, ne s’en laissent pas conter
Allan découvre là, que tout est vérité
Dans les légendes anciennes, qu’enfant on lui narrait
Et qui parlaient d’un peuple, farouche et isolé
Dont la force n’a d’égale que la témérité

 

24 Car le fier Aubanais est maître dans un art
Dont la beauté sublime se dévoile chaque soir
Quand par son élégance, l’escrime devient danse
Et que le chant subtil d’un peuple devient transe
Deux lames recourbées, reliées par une chaîne
Deux lames acérées, que tous les hommes craignent
Virevoltent et s’enlacent comme deux amants transis
Mais professant la mort, comme deux êtres maudits
Sous la flamme des torches, que reflète le métal
Aucun droit à l’erreur, le faux pas est fatal

 

25 Mais la chorégraphie, par les siècles affutée
Ne versera pas goutte du sang des Aubanais
Leur maîtrise est parfaite, et les armes se frôlent
Attaquant, esquivant, chacune à tour de rôle
Guidée par les tambours, et les chants de la foule
Ce serait déshonneur, qu’une seule larme coule
Allan assiste ainsi, en tant que spectateur
Au plus beau des ballets, jusqu’aux petites heures
Du jour et donne ainsi naissance à la légende
De la mystérieuse troupe du Prince de Kérande.

 

26 Car il ne fait pas doute, le destin est scellé
Que cet homme est celui, prophétie annoncée
Qui guidera ces hommes vers leur triste destin
Pour combattre celui qui est l’ennemi du Bien
Contre cet homme maudit, ce vil roi de malheur
Celui qui plongera notre monde dans l’horreur
Une armée se lèvera, et quittera son île
Pour lutter aux côtés de ce prince en exil
Qui tient entre ses mains, tout l’avenir du monde
Ou une heureuse fin, ou un destin immonde.

 

27 Une saison entière le jeune prince partagea
La maison et la vie de celle qui le sauva
Comme par un serment, tous deux ont l’âme liée
Et elles le resteront pendant de longues années
Mais il est temps déjà, de reprendre la route
Sa vie l’attend ailleurs, et sans le moindre doute
De nombreuses aventures, et de nouvelles rencontres
Des destins liés au sien, des ennemis aussi,
Des âmes noires comme la nuit, qui vont à son encontre
Tels que dans l’épisode, que je vous narre ici

 

28 Allan rejoignit donc le sombre continent
Pour y rencontrer l’homme que l’on nomme Tourment
Mais bien avant ceci, laissez –moi vous conter
L’expérience d’Allan dans un château hanté
Le jour était bien sombre, et le tonnerre grondait
Allan était perdu, de montagnes entouré
Partout autour de lui se dressaient des sommets
Et la voûte céleste, orageuse, menaçait
Il cherchait donc refuge quand surgit devant lui
Un château majestueux pour y passer la nuit

 

29 Les portes étaient béantes, la bâtisse s’entrouvrait
Sur une joyeuse fête aux nombreux invités
Allan se joint à eux, sans se faire remarquer
Participe à leurs jeux, et s’enivre à danser
La noce est des plus belles, les costumes chatoyants
Rappellent à notre prince ses souvenirs d’enfant
Ils sont d’un autre temps, d’une autre décennie
Et ajoutent un doux charme à la cérémonie
Allan ne se doute point, en ces instants de liesse
Du drame qui se prépare dans cette forteresse

 

30 Car il est un intrus, dans ce château hanté
Dont il connaîtra vite l’horrible vérité
Car bientôt minuit sonne, en un fracas dément
Et une pluie de feu, s’abat tel un torrent
Sur la vaste demeure, et tous ses invités,
Qui dans un même râle, se retrouvent brûlés
L’agonie est rapide, quand le château trépasse
Quand ses murs et son toit sur ses hôtes se fracassent
Rien ne pourrait survivre, à une telle catastrophe
Pas une seule rime, pas une seule strophe

 

31 Pourtant le prince est là, qui s’éveille groggy
Parmi les ruines anciennes de ce château maudit
Il a vécu la mort, il en sent le frisson
Vu l’attaque brûlante, des ignobles dragons
Qui en ce jour funeste se sont joints à la fête
Pour imposer aux hommes une complète défaite
Mais la lutte est passée, le feu est assagi
Voilà bien des années, que ce monde a péri
Mais chaque nuit depuis, ils revivent le drame
Qui pour l’éternité ensorcela leurs âmes

 

32 Un nouveau jour se lève, un soleil radieux
Frappe les pierres noircies du feu venu des cieux
Rien ne reste du faste de la nuit précédente
Que les souvenirs brûlants d’une furie démente
Allan interloqué, se remet sur ses pieds
Et quitte la montagne, pour rejoindre la vallée
Plus clémente est la route qui accueille ses pas
Que celle qui la veille l’amena au trépas
Quelle aventure encore attend notre héros ?
Combien d’autres rencontres, et combien d’autres maux ?

 

33 Quittons quelques instants ce prince sans royaume
Pour nous pencher céans sur une étrange scène
Le dialogue incongru, d’un être devenu homme
Avec celle qu’il fit naître de sa terrible peine
Née d’une fleur sur laquelle une larme fut versée
Par un cœur très ancien et fort enténébré
Par d’espiègles paroles il fut prêté serment
Entre une fée frivole et le sombre Tourment
Le devoir était simple, la mission est donnée
De l’homme qui s’avance maintenant accompagner

 

34 Et qui donc est cet homme, si ce n’est notre prince
Qui s’avance maintenant le long du chemin mince
Venant de la montagne, et s’approchant de lui
Avec la mine hagarde et le teint affadi ?
Ravalant ses sanglots, l’homme en noir se redresse
Accueillant l’inconnu d’un ton plein de sagesse
« Triste est le voyageur allant sans compagnon,
Faisons donc route ensemble, tous les deux cheminons. »
C’est par ces simples mots, que l’accord fut scellé
Accordant leurs destins au bon vœu d’une fée.

 

35 L’inconnu est sans arme, et tout de cuir vêtu
D’un noir couleur de jais, comme l’est sa peau nue
Et comme l’est son regard qui scrute profondément
Son nouveau compagnon, notre prince vaillant
Un étrange équipage, voilà en vérité
Qu’un jeune prince blond et son noble allié
Longue route ils feront, et ensemble apprendront
Dans une nouvelle épreuve, acquerront leurs chevrons
Et ce faisant, confiants, l’un et l’autre échangeront
Et des sagesses anciennes au prince se dévoileront

 

36 Car bien que semblant jeune, l’inconnu est âgé
Et là n’est en fait pas, le seul de ses secrets
Mais Allan innocent fait confiance à cet homme,
Qui l’abreuve de légendes, de récits et de psaumes
Lui parle de magie, comme de philosophie
Et se livre à lui, comme ferait un ami
Il lui conte l’horreur, de son aimée tuée
Par un bandit avide de son tout premier né
Allan voit la douleur de l’homme dévasté
Et lui fait la promesse d’aider à le venger

 

37 Mais bien avant cela, bien avant la vengeance,
De village en village, il y a les jours d’errance
Il y a les rencontres, et la confrontation -
La rumeur se répand, d’une malédiction -
Avec un mal étrange, qui frappe chaque nuit
Et dans chaque chaumière, les enfants endormis
Les laissant au matin, pauvres pantins cassés
Simples amas de chairs, de leur âme privée
Volée dans la nuit noire par une étrange armée
D’êtres insaisissables, de créatures ailées

 

38 Les deux hommes soucieux du sort de ces enfants
Se proposent d’agir en chevaliers servants
Et s’embusquent la nuit, du couchant au levant
Pour observer les bêtes, serviteurs de Satan
Elles s’égaillent par milliers, de leur vol silencieux
Peuplant d’ombres furtives le royaume des cieux
Pour regagner enfin, leur besogne accomplie
Une grotte sombre et lugubre qui fait office d’abri
Il n’en fallait pas plus, nos héros ont compris
Comment sans un combat prendra fin l’infamie

 

39 Au matin ils amassent sous les bêtes endormies
Perchées la tête en bas, étranges chauves-souris
Tout ce qu’ils trouvent de bois pour en faire un bûcher
Et tous ces êtres abjects dans un grand feu brûler
Une fois le piège prêt et le bois enflammé
Du repère des monstres ils condamnent l’entrée
Les offrant à la mort, par le souffle asphyxiés
Ou par l’embrasement de leurs corps décharnés
Ainsi eurent eu raison du péril menaçant
Un prince sans patrie et un sage manant

 

40 Mais ce qu’homme innocent savoir ne pouvait pas
C’est que de simples bêtes il ne s’agissait pas
Recrutant pour leur roi, une indicible armée
Les voleurs d’âme n’étaient que serviteurs zélés
Pour un seigneur maudit, pour le mal incarné
Qu’en bouleversant ses plans, Allan a offensé
Car de futurs soldats, tels étaient destinés
Ces enfants grandissant privés de leurs pensées
Ainsi naît l’objectif, de ce Prince se venger
Pour celui qui puissant sur son empire siégeait


 

L'épopée d'Allan

41 Les deux hommes, vainqueurs, reprennent leur long chemin
Sans se douter qu’au bout les attend leur destin
Sous l’apparence infâme d’un monstre du chaos
Envoyé par celui qu’ils se sont mis à dos
C’est par un jour de pluie, que tous les deux bravaient
Avançant vaillamment sous un ciel tourmenté
Qu’apparut devant eux un monstre des enfers
Surgi en un éclair et grondant de tonnerre
Allan, prêt à se battre, dégaina son épée
Conscient que le combat ne pouvait s’éviter

 

42 Mais que peut un homme seul contre une telle créature ?
Verrons nous
 donc ici finir son aventure ?
Car son ami Tourment, immobile, désarmé
Se garde bien, prudent, du combat se mêler
Notre prince est vaillant, mais la lutte inégale
Et son issue, pour sûr, sera bientôt fatale
C’est alors que Tourment, faisant besoin raison
De livrer son secret, prend la dure décision
Et sous les yeux du prince se brise l’illusion
Quand l’homme en noir opère sa lente transformation

 

43 Allan est acculé, prêt à abandonner
Et les choses paraissent bien de pis en pis aller
Quand se mêle au duel un furieux dragon noir
L’issue pour notre prince s’annonce sans plus d’espoir
Mais les choses bien souvent ne sont pas ce qu’elles semblent
Sous l’assaut de ce wyrm, ce n’est pas lui qui tremble
Car face à l’adversaire plus question de secret
Sa magique nature Tourment doit révéler
L’animal a tôt fait de défaire le démon
Et de s’en délecter comme on fait d’un gueuleton

 

44 Le spectacle sous les yeux d’Allan lui fait horreur
Mais il doit lutter pour sortir de sa torpeur
Quelle bête monstrueuse marchait à ses côtés
Quelle âme vile et fourbe ainsi l’avait trompé
Le prince se sent trahi par celui qui avait,
Du moins le croyait-il, donné son amitié
La confiance est rompue, le jeune homme ne peut plus
Faire route aux côtés d’un être corrompu
Devant sa destinée, il rengaine son épée
Prêt à perdre sa vie face à son allié

 

 45 Mais le dragon s’incline, ravalant sa fureur
Lié par un pieux serment, fait au nom d’une fleur
Les deux êtres se toisent, tous deux pleins de noblesse
Les opposer l’un l’autre ne serait que faiblesse
Tourment est magnifique, et d’une force démente
Capable de plonger le monde dans la tourmente
Mais sage il est aussi, comme il l’a su montrer
Au prince sans royaume, au cours des jours passés
D’un élan il déploie ses ailes et puis s’envole
Disparaissant bientôt par-delà les grands cols

 

46 Allan se retrouve seul, abattu, dépité
Bien triste en vérité qui inspire la pitié
Qu’a-t-il fait de son rang, qu’a-t-il fait de son sang ?
Pourquoi est-il si nu, lui qui est né puissant ?
Quel est donc son avenir, quel est donc son destin ?
Celui qui saurait dire se trouverait bien malin
Un ennemi il s’est fait, maître d’obscures forces
Qui vraisemblablement de tuer le prince s’efforce
La lutte qui commence, comment finira-t-elle ?
Insidieusement déjà, sa destinée se scelle

 

47 Allan n’est pas le seul dont s’écrit le destin
Ce fut aussi le cas, d’un effronté gredin
Dont je vais vous conter maintenant le chemin
Jusqu’aux pas du héros, mêler bravement les siens
Darith était son nom, il était fils de Dieu
Comme son nommés ici, orphelins loqueteux
Vivant dans la ville noire, d’aumône et de rapines
Luttant pour sa survie, entre peur et famine
Jusqu’à cette rencontre qui bouleversa sa vie
Et fit de notre prince à jamais un ami

 

48 Mais avant tout cela, c’est un preux chevalier
Qui cœur à l’agonie lui a mission confiée
D’un important message à un roi délivrer
Et en gage d’honneur lui légua son épée
La mission accomplie, un royaume est sauvé
Par un gamin agile que rien n’a arrêté
Pour bien l’en remercier, argent lui est donné
Ainsi que l’arme ancienne du défunt chevalier
D’errant seul et perdu, Darith est devenu
Un héros bienfaiteur pour les enfants des rues

 

49 Le prologue est posé, revenons maintenant
A notre prince blond, qui s’en vient cheminant
Là où ses pas le portent, vers une triste cité
Dont violence et misère font toute la renommée
Avisant une taverne, pour un peu se poser
Et loin de la grisaille, ses déboires oublier
Allan avec un homme, commence à échanger
Qui à travers la ville, offre de le guider
Un homme que de naissance, tout à lui opposait
Mais qui, autour d’une choppe, propose de s’associer

 

50 La soirée de déroule, dans une très bonne entente
Dans la joie sans contrainte que la boisson enfante
Les deux hommes pour finir se donnent donc rendez-vous
Au matin, au même point, à l’auberge du Vieux Loup
C’est une aube blafarde qui voit les retrouvailles
Des deux amis d’hier, sous le regard canaille
De quelque enfant des rues, cherchant par la cité
Auprès des voyageurs, quelque pièce à mendier
Darith lui fait obole, car ainsi est le nom
De qui guide notre prince, son nouveau compagnon

 

51 Il lui fait découvrir, de boulevards en ruelles
La vie dans cette ville, triste et souvent cruelle
Pour les enfants des rues, qui volent et qui mendient
Et luttent chaque jour, pour juste rester en vie
Allan plein de pitié, distribue quelques pièces
De son maigre pactole, de ses quelques espèces
Navré de ne pouvoir en faire plus en ce jour
Mais heureux d’amasser des sourires en retour
La journée ainsi passe, qui voit Allan grandir
La détresse qu’il côtoie le faisant bien murir

 

52 Alors que les deux hommes sont prêts à se quitter
Après les découvertes d’une longue journée
Au détour d’une venelle, trois bandits apparaissent
Qui de leurs deux visages fait s’évanouir la liesse
Les trois manants armés, à l’air patibulaire
Leur barrent le chemin, prêts à croiser le fer
« Le voilà ce sale chien ! » crie l’un des trois vauriens
En désignant Darith qui dégaine, cabotin
Il ne pourra lutter, Allan en est certain
A lui seul contre trois, s’il n’offre son soutien

 

53 « Qu’as-tu donc bien pu faire pour mériter leur ire ? »
S’enquiert méfiant le prince, ne voulant pas périr
Sans savoir le pourquoi de ce soudain combat
Ni dans quel odieux piège il était tombé là
« Des enfants, de leurs mains, j’ai osé libérer
Et d’autres fois encore, je recommencerai »
Noble cause à coup sûr, Allan est convaincu
Dégainant à son tour, sur l’ennemi il se rue
Le combat est sanglant, et en nombre inégal
Mais nos jeunes héros, ensemble, n’ont pas d’égal

 

54 Ils se battent ardemment, et défont leurs ennemis
Mais dans un geste noble, leur laisseront la vie
Mais nul doute qu’après eux, la milice en aura
Et qu’un homme puissant la vindicte attendra
Allan est bien conscient qu’il ne faut traîner là
Et qu’ils sont devenus persona non grata
A Darith aussitôt propose de faire route
Tant de sa probité il n’a plus aucun doute
Et puis lors du combat, Darith a dévoilé
Toute l’aura de magie de sa runique épée.

 

55 Il est temps maintenant de tout vous dévoiler
Sur le pouvoir puissant que recèle cette épée
Sa garde sans fioriture ne laisse pas deviner
Toute la magie cachée dans sa lame gravée
De runes si anciennes que déjà oubliées
Des hommes de ce temps, hormis quelques lettrés
Elle offre à son porteur, lors qu’elle est dégainée
De voir à l’infini tous ses sens décuplés
La lapine craintive, comme un présent des cieux
La fourmi qui s’active, il les entend toutes deux

 

56 La vue perçante de l’aigle, aussi lui est offerte
Rien ne peut se cacher, sans que fut en pure perte
Pas de meilleur pisteur, que celui qui la porte
Et pas de meilleur homme, pour Allan faire escorte
Ensemble font serment, de lever une armée
Et de la faire combattre pour les déshérités
Lutter contre le mal, et les démons nombreux
Pour faire que plus jamais, enfant soit malheureux
Le chemin est bien long jusqu’à cette destinée
Mais à vaincre sans peur ils sont déterminés.

 

57 Ainsi vont les amis, et leur histoire s’écrit
De village en cité, le malheur s’évanouit
Et partout où ils passent, partout le peuple suit
Allan de gueux errant est devenu messie
A mesure pourtant, que sa gloire grandit
Un ennemi puissant, sa vengeance fourbit
Un roi d’ombre et de sang, qui lève son armée
Faite de monstres hideux et de puissants guerriers
De sombres nécromants, de zombies enchaînés
Qui tous sont pour leur maître, prêts à leur vie donner.

 

58 Ainsi passent les années, et en terre de Kérande
Le prince déshérité est devenu légende
Vers son pays natal aujourd’hui dévasté
Pour jouer l’acte final ses pas vont le mener.
Mais avant ces jours sombres, il est des jours de paix
Et d’un ami, Allan découvre les bienfaits
Car son jeune compagnon, en plus d’un art est doué
La flûte il sait manier, aussi bien que l’épée
C’est un homme de talent, que ce fier vagabond
Qui réserve des surprises à notre prince blond.

 

59 Alors que Sir Allan, éprouvé par le froid
Revenait au campement les bras chargés de bois
S’élève une douce musique, une mélodie pure
L’œuvre d’un étonnant musicien à coup sûr
La musique est poignante, elle lui serre le cœur.
Il s'approche doucement, luttant contre les pleurs.
Elle provient d'une flûte, aux lèvres du jeune homme,
Du bois noir ciselé de l'arbre de Rébome.
Mais elle n'est pas épée, et loin d'être magique :
C'est du fond de son cœur que provient cette musique.

 

60 La mélodie ancienne lui rappelle son enfance
Le faste de la cour, ses banquets et ses danses
La douce voix de sa mère, qui lui chantait comptine
Une existence bercée de douceur enfantine
Retrouvera-t-il un jour le palais de son père ?
Sa voix qui de toujours lui servit de repère ?
Retrouvera-t-il à l’aube, de chez lui le chemin ?
Ou ses vœux à la nuit s’adressent-il en vain ?
Alors que son compère entame le refrain
Allan sent l’avenir s’écrire entre ses mains.


 

L'épopée d'Allan

61 Il est temps maintenant pour Allan et les siens
De sa douce patrie retrouver le chemin
De réclamer son trône, et tout son héritage
De laver son honneur sali par les outrages
Il s’attend à combattre pour recouvrer ses droits
Mais à un tel désastre, ne se préparait pas
Ses immenses forêts, et ses vertes prairies
Tout n’est plus que fumée, toute vie a péri
Cette contrée si riche, qu’enfant il a connue
Avec tous ses espoirs, maintenant a disparu

 

62 Alors qu’au désespoir, Allan verse des larmes
S’avance à sa rencontre un homme seul et sans arme
Les années ont passé, mais Allan reconnaît
Celui qui en un temps, l’avait accompagné
Car nul autre que Tourment, est l’intrus qui approche
A qui le prince vengeur s’apprête à faire reproche
Du sort aussi funeste qui ici a frappé
Et qui comme tout espoir, toute vie a ruiné
Mais son ancien allié clame son innocence
Prenant fée à témoin, et serment pour défense

 

63 Il connaît le coupable de toute cette infamie
Un roi accompagné d’une armée de zombies
Chevauchant un dragon qui est fils de Tourment
Un destrier féroce, élevé dans le sang
Enlevé à sa naissance pour une arme devenir
Et son sombre seigneur sans un émoi servir
Il ne fait plus un doute que le but est commun
Entre Allan et Tourment, liés par le destin
Trouver ce roi de peine et réduire à néant
Le pouvoir qu’il exerce sur tout le continent

 

64 Mais pour battre une armée, par la magie liée
Il faut armes plus puissantes que le sont les épées
Allan a bien besoin d’un nouvel allié
Un homme ensorcelé par le pouvoir des fées
C’est ainsi que Jehan, nos héros rencontra
Quand notre nouveau guide à sa hutte les mena
Qui est donc ce vieil homme, à l’allure bedonnante
Qui vit ainsi reclus dans une cabane branlante ?
Un puissant magicien, même s’il n’en a pas l’air
Qui connait les arcanes du feu et de l’éther

 

65 Revenons loin maintenant, au temps de sa jeunesse
Et de ses doux atours, de l’infinie tendresse
Qu’il avait pour sa belle, de l’ardente passion
Qui dans son corps brûlait, bienheureuse sensation
Par elle partagée, tous deux en communion
Et à jamais liés par l’officielle union
Non pas celle des hommes, austère et compassée
Mais celle sans retenue du grand peuple des fées
Leur vie était parfaite, et l’avenir aux amants
Promettait le bonheur, et un rêve d’enfants

 

66 Tout était pour le mieux, la belle était enceinte
Quand la maladie noire la prit dans son étreinte
La peste qui frappait, Jehan la connaissait
Contre le mal qui ronge, il ne pouvait lutter
Malgré tout sa magie, la belle dépérit
Emportant avec elle, la toute nouvelle vie
Et l’amour de Jehan, face à tant de souffrance,
Transforma son esprit en une folle démence
Dans la mort il voulait sa belle accompagner
Mais avec conviction, les fées l’en ont privé

 

67 Et ainsi depuis lors, Jehan pour les servir
Son don et sa magie ne fit qu’entretenir
Attendant patiemment l’ultime délivrance
Les années défilèrent en une profonde transe
Plus de rires, plus d’amour, dans cette vie austère
Qui ne lui offrait plus que d’infinies prières
L’arrivée d’un messie, d’une promesse nouvelle
D’un combat dont l’issue, le mènerait auprès d’elle
Tel était son espoir, tel était son désir
Pouvoir tel un héros, en se battant, périr

 

68 C’est ainsi que Jehan se joignit à l’armée
Qui de tous horizons le prince Allan suivait
Rassemblant hommes et femmes, gens de bonne volonté
Qui à l’ultime combat, vaillants, se préparaient
Venus du continent, ou des îles au-delà
Ne sachant pas, alors, qui d’entre eux périra.
Ainsi se composait sa garde rapprochée
D’un fidèle musicien à l’épée enchantée,
D’un sorcier bedonnant et bien trop tôt usé,
D’un fier dragon d’ébène à la nature cachée.

 

69 Mais qui est donc enfin, celui que tant de haine
Fait courir sur le monde, entre douleur et peine
Régnant depuis son trône, fait de sombres ossements
Sur des armées surgies des plus vils soubassements
Des monstres hideux, infames, et dépossédés d’âmes
Qui contre les humains partout prennent les armes
Des tueurs sans vergogne, à leur seigneur dévoués
En eux aucune trace, la moindre humanité
La mort ne veut pas d’eux, même elle est révoltée
Seul notre vaillant prince, contre eux peut se dresser

 

70 C’est un roi de terreur, et de haine brûlante
Voué à un seul dessein, une envie obsédante
De conquérir le monde pour l’amener à sa perte
De remplacer toute vie, par un désert inerte
Et pour son esprit fou, recouvrer cette dette
Que toute l’humanité doit à notre planète
Dans son corps pas de sang, dans son cœur pas d’amour
Dans son ciel orageux s’épanouissent les vautours
Attendant la curée, prêts à la fin des temps
Pour enfin se repaître, des humains pénitents

 

71 Au crépuscule du monde, les nuages s’amoncellent
La grande bataille approche, et les destins se scellent
Sous les cieux on entend les cris rauques effroyables
D’une armée de cauchemar, sous les ordres du diable
Tandis que sur la plaine, marchent en rangs serrés,
Sous l’étendard d’Allan, les farouches Aubanais
Ils ont quitté leur île et loin de l’océan
Ils savent à coup sûr quel destin les attend
Leur temps est révolu, le monde va changer,
Et à ce renouveau, leur histoire est liée

 

72 Mais en ces dernières heures, le monde semble paisible
Au drame qui s’annonce, nature est insensible
La lune de son halo, illumine le ciel
Eclipsant les étoiles, infimes étincelles
Calme et sérénité, rêvent au sein de la Terre
Tandis que les guerriers se préparent à l’enfer
Tout ceci n’est que songe, ou un sombre cauchemar
Qui réveille en sursaut même les âmes les plus noires
En cette ultime nuit, où l’espoir semble vain
Bientôt le dénouement pour Allan et les siens

 

73 Enfin le jour se lève, sur la plaine endormie
Enfin l’aube apparaît, sur un monde en sursis
Voici venu le temps, de ce combat final
Qui oppose en tout temps le bien contre le mal
Allan lève son épée, Darith à ses côtés
Et donne le signal, la bataille est lancée
Marchant sans plus de peur, en tête de son armée
Le prince met au défi son exact opposé
Le choc s’annonce terrible, le destin est scellé
Entre les deux seigneurs, le duel est annoncé

 

74 La bataille fait rage, et les corps s’amoncellent
Devant les Aubanais, qui en escrime excellent
Soutenus sur leur flanc, par une force brute
Tourment, faisant carnage, de toute son âme exulte
Mais les corps qui s’affaissent sont bien vite remplacés
Et invincible semble cette innombrable armée
Les guerriers par le nombre bien vite sont dépassés
Même le feu du dragon est de bien peu d’effet
En un homme seulement, leur espoir est placé :
C’est au vieux magicien d’au combat se mêler

 

75 Voici venu le temps pour notre ami Jehan
De montrer son pouvoir, de réduire à néant
Les ombres délétères de l’ennemi nécromant
En faisant feu sur lui d’un déluge terrassant
Les deux hommes se défient, confrontant leurs magies
La lumière saura-telle combattre l’infamie ?
Les guerriers se relèvent, ceux qui étaient tombés,
Par un sombre pouvoir, les voici, hébétés
Combattant leurs amis, leurs frères et leurs sœurs
A l’armée du jeune prince, faisant brèche en plein cœur

 

76 Rassemblant son pouvoir, faisant fi de sa peur
Jehan, plein de magie, s’attaque à la noirceur
Une flèche d’or éclatante s’abat sur le sorcier
Qui des rangs ennemis se pensait protégé
Le nécromant s’écroule, emportant avec lui
Ses pantins animés par un semblant de vie
La menace est levée, mais des fiers Aubanais
Ne restent alignés que des rangs clairsemés
Les pertes sont terribles, le tribut élevé
Pour ceux qui dans la lutte, vaillants ont tout donné

 

77 Ce ne sont pas les seuls à avoir succombé
Tout près du prince Allan, un ami est tombé
Emportant avec lui, l’ennemi dans la mort
Au terme de ce qui fut un ardent corps à corps
Deux hommes de même force, dont les armes se mêlent
Signant en toute grâce, une agonie cruelle
L’ennemi vaincu s’écroule, mais Darith est touché
Une plaie sur sa poitrine voit le sang s’écouler
Pour cet ami fidèle, la bataille est finie
Et c’est au champ d’honneur que doit finir sa vie

 

78 Darith sans plus de peur, s’allonge sur la plaine
La vision du ciel bleu vient soulager sa peine
Le soleil étincelle sur les heaumes et les piques
Le temps est bien clément en ce jour fatidique
Alors les cris des hommes, viennent rappeler l’horreur
Et le fracas des armes, du drame la teneur
L’enfer n’est plus que son, dans l’oreille du mourant
Et pour toute atmosphère, l’amère odeur du sang
L’enfer n’est que douleur, pour l’homme qui bientôt
Voit ses sens s’évanouir, las, derrière ses yeux clos

 

79 Les pertes son bien lourdes mais pour l’armée d’Allan
C’est un chant de victoire qui de toutes parts émane
L’ennemi en déroute, abandonne le terrain
Terrassé par un wyrm et un vieux magicien
Mais l’adversaire ultime, conscient de sa défaite
S’enfuit de par le ciel, sur son arme secrète
Eclipsant le soleil, de ses grandes ailes noires
Le dragon des ténèbres s’envole dans le soir
Sans attendre Tourment offre de faire monture
Et part à la poursuite de sa progéniture

 

80 C’est ainsi que depuis, par-delà la grande mer
Dans un ultime combat s’opposent les adversaires
Tous deux de même force, mais en tout opposés
Bien et Mal se font face de toute éternité
Pour les hommes insouciants tout ceci est passé
Nombre générations les ont faits oublier
Mais sur toute la planète l’équilibre est maintenu
Par un seigneur de peine et un roi de vertu
Ne reste plus aujourd’hui pour encore les chanter
Que votre serviteur, dernier des Aubanais.

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