Prisonnière

Je suis née prisonnière d’une geôle invisible
Sans sorties, sans visites, comme un fauve enchaîné
Nourrie de solitude et de peur abreuvée
Et la tête remplie de mes cris inaudibles

Des années enfermée, jusqu’à la découverte
Du crime ainsi puni par une vie de non-être
Qui confond l’alibi en d’innocents ancêtres
Et réveille en sursaut mon existence inerte

Le mot est entendu, la porte est entrouverte
Une angoisse affolante me guette et m’envahit
Mon univers s’effondre, trahi par ma folie
Le diable me sourit et me pousse à ma perte

Je m’enfonce en fuyant dans ces sombres forêts
Sous le martèlement sourd des épeiches ahuris
Comme ma course effrénée vient troubler l’infini
Dessiné par les ombres des arbres hallucinés

Je trébuche en aveugle, sans guide et sans repère
Perdue dans les méandres antiques et ténébreux
Qui enserrent les deux rives du blanc fleuve calleux
Où je glisse et me noie en des eaux délétères

Elle pénètre ma gorge et empli ma raison
Je l’étreins sans un souffle, mon amante révélée
Je me fonds dans son nom, voit mon âme condamnée
A la pureté profane de son aliénation